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02/07/2012

J’ai eu la chance de rentrer directement dans une Organisation adaptée au XXIème siècle, agile et puissante

Avez-vous déjà travaillé dans une organisation qui, non seulement vous autorise à sentir des tensions et à les exprimer mais qu’en plus, cela fasse parti des devoirs de tout partenaire y rentrant ? Moi, oui.
Cela fait maintenant un an et demi que je travaille chez iGi Partners, société qui recherche d’autres modes de gouvernance plus sains, à la fois pour les organisations et les individus qui y travaillent. iGi Partners fonctionne avec l’outil qu’elle utilise et implémente chez ses clients : Holacracy.

Aujourd’hui, je souhaite vous partager mon expérience de ce nouveau mode de gouvernance car il m’a apporté beaucoup de choses, plus que je ne pourrais vous écrire.
Avant de commencer, je souhaite poser plusieurs choses :

  • Cet article n’a pas pour vocation de prôner Holacracy ou d’expliquer ce que c’est. Pour cela, je vous invite à lire d’autres articles de blog. Il a pour but de témoigner sur le vécu d’une expérience hors du commun.
  • Pourquoi devriez-vous m’écouter, ou plutôt me lire, moi ? Je pose cela car beaucoup de personnes disent faire de Holacracy mais n’en font pas réellement. Voici quelques éléments de réponses pour vous aider à déterminer si vous devriez continuer votre lecture :
  • iGi Partners a ratifié la constitution de Holacracy, via l’ancien chef & fondateur qui l’a signé et fonctionne avec les règles de l’art. Elle est niveau 2 selon le processus d’évaluation de HolacracyOne et ses partenaires sont étroitement en lien avec la société HolacracyOne, de par le contrat de licence qu’a signé iGi Partners.
  • Je pratique Holacracy, dans son intégralité, pas juste des bouts, depuis 1 an et demi.
  • Je me suis formée et ai suivie par moins de 15 introductions à Holacracy, avec Brian et/ou Bernard Marie, 3 formations de certification praticien (5 jours chacune) et 2 formations de certification coach (5 jours chacune).
  • Je suis certifiée praticienne en Holacracy et en cours de processus pour devenir coach.

Pour ceux qui continuent la lecture, je vais tout d’abord poser le contexte du « comment je suis arrivée chez iGi Partners ». Certaines personnes connaissent déjà mon « histoire » et ce sera donc un rappel.
Avant de rentrer chez iGi Partners, je faisais de la vidéo et j’ai notamment filmé/monté des films, à plusieurs reprises avec Bernard Marie, sur le thème de la gouvernance.

Début 2011, alors qu’il avait suivi deux formations de certification de praticien en Holacracy, il m’a proposé de rejoindre iGi Partners pour m’occuper de la communication (vaste sujet). Il travaillait plus ou moins seul à l’époque ; du coup, lorsqu’il a découvert Holacracy, il a tout de suite souhaité l’expérimenter pour pousser le modèle à ses limites, et a donc proposé à plusieurs personnes, Perrine et moi-même, de le suivre dans cette aventure.

J’ai donc eu la chance de vivre de l’intérieur, non seulement l’implémentation de Holacracy dans une organisation, mais aussi la naissance, la mise au monde d’un nouveau trésor : iGi Partners.
C’est très riche et je suis vraiment excitée de vous faire bénéficier de mon vécu : au cours de cette année et demie, j’ai développé des capacités à une vitesse incroyable.
Je vais, ici, mettre l’emphase sur « seulement » deux éléments, deux « shifts » majeurs que j’ai pu faire/suis en train de faire mais ne réduisez pas mon expérience de Holacracy à cela.

La bascule de pouvoir

Dans certaines organisations que j’ai pu rencontrer, les collaborateurs se plaignent souvent d’être « victimes » du « méchant patron » et de devoir dépendre de lui. Cependant, dès qu’on leur offre la possibilité d’ENFIN prendre leur pouvoir, là, c’est autre chose et ils se rendent alors compte qu’avant c’était plus facile. C’est de cette bascule dont je veux vous parlez.
Je suis donc rentrée chez iGi Partners avec, déjà en place, un patron-entrepreneur-fondateur-indépendant de 30 ans de plus que moi. Vous imaginez la scène ? Bien, continuons alors…
Sa décision a été que iGi fonctionne en Holacracy et c’était clair dès le départ, avant que je rejoigne la structure. Ma première réaction : « Super ! » (en fait, à l’époque, je ne savais pas ce que cela signifiait réellement…)

J’ai pu vivre un double défi :

  • 1er défi : Indépendant = Bernard Marie faisait TOUT, TOUT SEUL, de la mise à jour du blog de la société, à l’accompagnement de CODIR de grandes entreprises mais ça fonctionnait et ça fonctionnait même bien. Vous pensez donc qu’il n’a pas souhaité lâcher cela du jour au lendemain, à la nouvelle recrue âgée de 19 ans, surtout quand elle fait des erreurs.
  • 2e défi : Avec Holacracy, ce « truc » dont j’ignorais le sens, on me dit (il paraît que c’est écrit dans un document appelé constitution, c’est quoi encore ce machin ?!) que j’ai toute autorité dans mes rôles. « PARDON ? » « Ca veut dire quoi au juste « toute autorité »? » « Je peux tout de même demander au chef de me répondre sur la solution ? Non ? Ah… Finalement, c’était pas mal avant… »

Tout ça était d’autant plus douloureux pour moi qu’on mettait en place Holacracy tout seul, avec nos petits bras, sans consultant/coach extérieur. J’envie nos clients…
Puis j’ai fini par me prendre au jeu mais il m’a fallu du temps et beaucoup de volonté pour y arriver. J’ai fait des progrès incroyables et après 6 mois, je commençais vraiment à prendre mon autonomie dans mes rôles. Du rôle Communication et Marketing, je suis passée à plusieurs rôles et l’ancien chef ne vérifiait plus mes « moindre faits et gestes ». Que l’on s’entende bien sur ce point : l’ancien chef n’avait pas lâché avant car il n’avait pas confiance dans ma capacité à prendre le pouvoir dans mon rôle. Plus j’ai pris mon pouvoir, plus il l’a lâché et, croyez moi, ça soulage les deux parties.

Je suis désormais entrepreneur/entrepreneuse dans mon rôle, c’est-à-dire que mon rôle, ou plutôt « le rôle auquel j’ai été assigné » est une entreprise, à part entière, avec sa propre raison d’être et JE SUIS LE PATRON, dans un territoire bien défini qui est le périmètre de ce rôle. Personne, ni l’ancien chef, ni les autres partenaires, ne viendra me sauver : je suis celui/celle qui a la responsabilité de faire en sorte QUE ÇA MARCHE.

/!\ Attention : entrepreneur n’est pas égal à « je fais tout, tout seul ». C’était un travers que j’avais à un moment : pour être sûre de prendre mon autorité, j’avais mis le balancier de l’autre côté. Du coup, je restais régulièrement bloquée sur un sujet, et ce pendant plusieurs semaines, sans rien faire et sans oser/avoir la conscience de demander de l’aide. L’organisation a besoin d’avancer et c’est moi, personne d’autre, qui va le faire, dans le(s) rôle(s) au(x)quel(s) je suis assignée. Si je suis bloquée, il est DE MON DEVOIR de demander de l’aide, à l’ancien chef ou à d’autres, ET sans pour autant lâcher le pouvoir de décision qui reste le mien dans ce rôle.

Apprendre à s’organiser individuellement

J’ai eu la chance de rentrer directement dans une Organisation adaptée au XXIème siècle, agile et puissante

Durant mes études, j’ai appris pleins de choses, plus ou moins utiles, mais je ne me souviens pas que l’on m’ait appris comment travailler, ce qui est, je pense, l’essentiel.
Donc, lorsque j’ai commencé chez iGi Partners, j’avais un joli bloc-notes rose avec des fleurs, sur lequel je notais mes actions et autres choses. C’était un fourre-tout et, en plus, ça décorait bien mon bureau, sympa, non ? Je m’en sortais pas mal mine de rien, à quelques actions oubliées prêt…

Heureusement (ou malheureusement, à vous de voir mais franchement, je penche pour « heureusement » car ce truc m’a sauvé la vie), Holacracy impose une nouvelle façon de s’organiser individuellement. Quelques critères sont définis dans la constitution, que j’ai fini par lire au bout d’un an de pratique (comme quoi, c’est bien un guide et non un manuel pour mettre en place Holacracy), et j’ai découvert une méthode qui répond à tous, voir plus, ces critères : GTD (Getting Things Done ou l’Art de l’efficacité sans le stress de David Allen). D’ailleurs, je vous conseille de lire le livre si vous souhaitez approfondir.

Je vous rassure tout de suite : ce n’est pas la première chose à faire lorsque l’on implémente Holacracy et je n’ai commencé à travailler ce sujet que 6 mois après le début de notre implémentation. Comme Holacracy, sans vouloir vous faire peur, c’est une montagne et j’en suis au tout début.
C’est dur, ça rebute parfois, et même souvent, mais qu’est-ce que ça soulage. Je peux ENFIN travailler et me concentrer pleinement à la tâche que j’effectue, sans être polluée par le dernier e-mail que j’ai reçu.

Le cerveau humain n’est pas si bête que cela et personne ne peut le duper, même pas moi, super héros qui suis au dessus de tout. Dès que j’ouvre un e-mail et que je le lis, il SAIT et là, c’est trop tard. J’ai beau cocher la case « marquer comme non lu », il a tout enregistré et cela va me prendre, inconsciemment (c’est-à-dire que je le veuille ou non), de l’énergie psychique. Et il le ressortira tôt ou tard, jamais au bon moment. Je suis sûre qu’il vous est déjà arrivé d’aller faire les courses et d’oublier quelque chose. Et bien, ce n’est pas lorsque vous êtes dans le magasin que votre cerveau va vous dire « n’oubliez pas le lait », non ; c’est lorsque vous êtes rentrés, posés sur votre canapé devant un film. Ce serait trop facile sinon !

J’ai donc besoin d’un système fiable, autre que mon cerveau, pour noter TOUS mes engagements. J’insiste sur le « TOUS », sinon le cerveau sait que ce n’est pas fiable comme truc. Ça demande une certaine rigueur et j’ai mis/je mets du temps à intégrer mais les bénéfices sont puissance 10. Par exemple, lorsque je travaille, c’est en conscience, sans stress et je sais que j’effectue, à cet instant t, LA CHOSE LA PLUS IMPORTANTE pour l’organisation là maintenant. J’ai acquis le réflexe que dès que j’ai une idée, une tension, n’importe quoi, je le rentre dans mon système fiable pour ne plus y penser.
Combien de personnes sont capables, aujourd’hui, de travailler comme cela ? Très peu ! C’est une révolution !

Une nouvelle façon de fonctionner

Travailler chez iGi Partners m’a fait changer ma façon de fonctionner et cela a eu des répercussions sur ma vie personnelle, sans en savoir l’intention particulière. Certaines personnes vont vers Holacracy car elles rencontrent des difficultés dans leurs organisations et Holacracy y répond mais moi, ce n’était pas mon cas. J’ai souhaité expérimenter une nouvelle façon de s’organiser, individuellement et collectivement, et je n’ai pas été déçue : travailler avec Holacracy et GTD me permet de m’épanouir et d’être pleinement moi-même.

Comme dit Brian Robertson, un des « créateurs » de Holacracy : « Holacracy vous apportera ce que vous désirez le plus au monde mais vous devez aussi accepter son opposé ». J’ai vécu des heurts et des joies et, aujourd’hui, en prenant du recul, je vois les chemins que j’ai pu parcourir, grâce à ce nouveau mode de gouvernance. C’est un changement de comportement qui requière, à mon sens, une certaine force de caractère et l’avantage est que c’est à la portée de n’importe qui.

Photos :
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Auteur

Bernard Marie CHIQUET

Il a été plusieurs fois entrepreneur et dirigeant de grandes entreprises : Executive Director chez Capgemini, Senior Partner chez Ernst & Young, Président-Fondateur de Eurexpert. Dans un deuxième volet de sa carrière, il a acquis une compétence d’executive coach (HEC), de médiateur (CAP’M) et coach en Holacracy® depuis 2011 et Master Coach depuis Janvier 2013, le plus haut niveau de certification.

Durant toutes ces années en tant que dirigeant, il a constaté que les organisations étaient sources de beaucoup de gâchis d’énergie et humain. “Comment avoir une structure organisationnelle simple, explicite, sans jeux politiques et de domination, qui s’adapte aussi vite que le changement lui-même et permet à l’être humain de libérer son potentiel ?” C’est pour répondre à cette question et trouver des alternatives au modèle hiérarchique pyramidal qu’il a fondé l’institut iGi en 2007 (aujourd’hui renommé Nova Consul), First Holacracy® Premier Provider depuis 2010.

Aujourd’hui formateur, consultant en organisation, coach, conférencier, professeur à l’IAE Lyon School of Management (Université Jean Moulin Lyon III) et intervenant à HEC Executive Education, centré sur l’évolution des modes de gouvernance et le leadership, Bernard Marie CHIQUET a crée le Management Constitutionnel®, aboutissement de ses recherches, pour apporter des solutions concrètes, sortir du statu quo et libérer les organisations.

 

 

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